Tremblez avec La Poste

Hier j'ai dû me rendre à La Poste pour retirer une grosse somme pour payer les réparations de la voiture qui tombent en même temps que cette chère taxe d'habitation. J'embarque bébé dans sa poussette qui couine car ça n'est pas la porte à côté.

Sur le chemin, évidemment, elle veut descendre mais notre "vieille ville" a un problème de minis-trottoirs pourris et comme sur la route les gens sont toujours et à toute heure hyper pressés (on croirait que tout le monde a une vie à sauver en voiture !) on se fight un ptit peu sur le "je veux marcher" et le "nan tu peux pas parce que blablabla et oh ! regarde ! un ptit chat !"

Après 30 bonnes minutes de marche, nous arrivons au bureau de Poste. Devant, se tient comme tous les jours, une dame qui demande des sous. Elle m'a déjà plusieurs fois raconté son histoire. Elle est âgée, je la pense alcoolique, elle a une grande fille qui vit avec elle dans un hôtel pourri tout en bas de la ville. Elle a le RSA mais cette chose, grâce à des gens qui font bien leur boulot, n'arrive pas vraiment quand il le faudrait.


Elle est pile devant le distributeur et je l'avoue, aujourd'hui je n'ai rien à lui donner. Fin du mois, poches vides, fatiguée et pas envie d'entendre à nouveau tout ça : c'est dur pour tout le monde mais certains vivent des trucs tellement dégueulasses que je veux juste aujourd'hui ne pas entendre son histoire qui me rend triste à chaque fois.

Nous échangeons donc un "bonjour madame" et je rentre (non sans me sentir coupable) dans le bureau de poste.

Attente. Il est presque 15h et il y a du monde...

Des gens qui viennent chercher des colis, une dame avec un portefeuille assortis à son sac, assorti à ses chaussures... des gens qui ne savent pas "à qui le tour" car certains guichets ne font que du colis, d'autres des retraits et puis "moi j'veux faire les deux alors j'vais où ?" "Ben vous r'faites la queue à l'aut' guichet !".

La foule disparaît lentement et c'est mon tour. Je viens moi aussi récupérer un colis et je me dis que je vais faire mon retrait auprès de l'employé de La Poste, se sera plus discret.

Je n'ai pas envie de retirer une grosse somme sous le nez de la dame qui attend dehors. Pas envie de lui expliquer que non, je n'ai pas un centime à lui donner... avec des billets plein les mains !

Je m'avance donc au guichet et tends ma carte à Gronigaud. On va l’appeler comme ça pour rester polie.

Derrière moi un monsieur qui, visiblement, est dans le même cas que la dame dehors. Je pense que c'est "jour de RSA". Sur ma gauche, un djeun avec un accent "des cités" que je n'avais pas entendu depuis longtemps ;)

Toutes ses personnes sont là, pour essayer de récupérer de l'argent qui leur manque. Beaucoup.

Gronigaud me demande ce que je veux. Je lui explique que je veux faire un retrait de mon livret A.

Gronigaud me hurle : "COMBIEN VOUS VOULEZ ?"


Ha pardon, je pensais que j'allais faire ça discrètement. Il est con ou il est con lui ? Il a un papier cet âne ! Il ne peut pas me le tendre et me demander d'indiquer la somme histoire que la planète entière ne sache pas ce que j'ai dans mon sac en repartant ???

Moi : "600"

Gronigaud, l'air éberlué : "600 ?" 


Je le regarde avec des yeux où se mèlent une incompréhension totale de sa façon de faire mélangée à un "Mais ta gueule, putain ta gueule !!!" qui ne demande qu'à lui être hurlé dans sa vitre protège-abruti.

Moi :" Oui, 600 s'il vous plait."

Il a l'air encore plus étonné. Non mais sérieusement. Qui suis-je pour me permettre de retirer de l'argent de MON livret ?

Je suis tellement soufflée par son attitude que je suis à deux doigts d'avouer que ça n'est pas pour m'acheter une belle paire de chaussures ou un sac à main qui déchire mais que je dois juste donner mon argent à l'état pour payer des jets, des restos et des chambres d'hôtels à ses enfants vicieux et pourris (entre autres).

Puis merde, je n'ai pas à me justifier de prendre mon argent.

Il me tend le papier pour que je le signe, me donne mon argent en comptant bien fort les billets et je pars en lui disant merci et bonne journée. Même énervée je suis polie. Puis ça me fait me sentir coupable. Je le hais.

Puis je me met à la place de la petite vieille flippée par tout le monde en allant chercher "ses sous". Par le gamin de 2 mètres à l'accent pas de chez elle, par le monsieur qui, malgré ses cinquante balais porte un blouson en cuir et a les cheveux gominés. Par la ptite jeune avec ses bottes mauvais genre et son maquillage de scooter volé. C'est sûr que de mettre sa pension dont tout le monde connais le montant dans ton sac et partir sur tes ptites canes qui ne te tiennent plus, ça doit te faire te sentir en sécurité.

Enfin bref, une fois de plus La Poste se trouve au sommet de son art. Bravo les rigolos.

Billet non sponsorisé. Tu te doutais.